L’œuvre de jugement est le corollaire, l’autre face de la pièce de l’œuvre de rétablissement et de restauration de Dieu (4). Puisqu’il y a une libération et un libérateur, il y a aussi un opposant. Le jugement est cependant toujours précédé de l’annonce de la grâce. Celui qui établit la justice, qui détruit, qui écrase dans sa colère et fait couler le sang¹ (3), est aussi celui qui vient en disant : « J’ai le pouvoir de vous sauver » (1).

Édom sert souvent, comme l’Égypte, de représentant pour l’opposition à Dieu, de figure typologique de ceux qui refusent ce salut qui leur est offert. Le nom Édom signifiant « rouge », porte déjà la trace du jugement en rappelant le sang qui coule, le sang principe de vie, vie qui va vers la mort quand elle est animée par le mal.

Tristesse divine

Le verset 5 est étonnant. L’exécuteur du jugement semble vouloir chercher de l’aide. Non parce qu’il ne serait assez fort pour appliquer la sentence, mais parce que c’est sans joie qu’il punit. « Je me suis étonné » ou « j’étais désolé » ou « j’étais consterné » suivant les versions. Ce n’est jamais avec joie que nous est présenté le jugement de Dieu, mais comme une nécessité, comme le préalable à sa justice. Lorsqu’un premier jugement tombe sur l’humanité avec le déluge, la Bible nous dit que Dieu « fut affligé en son cœur » (Gn 6.6, TA).

Un Dieu tout-puissant triste du jugement qu’il exerce lui-même, un Dieu qui n’applique la sentence que quasi contraint et forcé ? Et pourquoi pas ? La seule limite de Dieu c’est l’être qu’il est, ontologiquement. Dieu ne peut pas se nier lui-même, Dieu ne peut pas ne pas être Dieu. Sa bienveillance et sa compassion n’empêchent ni la condamnation ni le jugement réclamé par sa justice. Mais cela se fait sans joie, voire avec tristesse, car Dieu souhaite notre salut.