Ce psaume évoque un homme au fond d’un gouffre. Il ne dit rien des circonstances qui l’ont conduit là. Le voici plongé dans son échec, dans l’incapacité de s’en sortir. Le voici au fond du gouffre, semblable à Jonas jeté à la mer pour avoir fui sa vocation. Dans le gouffre je suis seul. Là, j’abandonne toute prétention, je suis confronté à mon absolue fragilité, à ma peur devant la vie désormais inaccessible. Là, l’espérance n’est plus. L’histoire spirituelle abonde de tels témoignages. La tentation est de se morfondre, de crier à je ne sais quelle injustice. Mais pour qui gît au fond de ce gouffre, le psaume ouvre une voie de salut : il reste à revenir à Dieu, à le supplier d’écouter notre cri.

L’expérience du gouffre fait taire ce babillage qu’un peu superficiellement parfois on nomme « prière ». Le gouffre est un lieu de vérité, un lieu sans tricherie, sans faux-semblant. De là peut jaillir ce cri de vérité vers celui qui seul peut sauver. Le gouffre dit la faute. Il est l’expérience éprouvée de l’éloignement de Dieu. Si le Seigneur de l’Alliance, l’Éternel, tenait le compte de nos fautes, qui pourrait vivre (3) ? Personne !

Mais voici que se présente le salut : le pardon et la délivrance se trouvent auprès de lui, le dispensateur de la grâce. Alors voici l’espérance, quand la charge de mon infidélité s’efface par la lumière de sa fidélité. Je ne mérite rien, le gouffre me le redit, mais j’attends de Dieu la manifestation de sa promesse. En lui seul est mon espérance, cela suffit. Lui est mon rédempteur. C’est lui qui me rachète, qui me libère de la mort, du mal et de moi-même. La vie devient spirituelle quand elle est vécue dans l’intense expérience d’un pardon libérateur.